Un beau jour d’été, alors que son voisin lui avait apporté de magnifiques fleurs de courgettes, une tête de mule décida de faire les meilleurs beignets de fleur de courgette du monde.
Souvent, j’aime que les recettes que je vous présente racontent une histoire.
Aujourd’hui ce sera plus qu’une histoire, car l’aventure des beignets de fleurs de courgettes m’a donné une bonne leçon.
Voici donc la fable des beignets de fleurs de courgettes et de la fille têtue comme une mule.
La tête de mule ayant son challenge en tête, l’idée était donc de trouver une recette de beignets qui puisse être à la hauteur des attentes de tout le monde.
[box type= »info »]Les miennes se concentrant principalement sur les objectifs suivants: du croustillant, pas trop de goût de gras, et bien sûr, vegan.
Celles des autres étant résumées à : des beignets.
(Mmmmm c’est bon les beignets, c’est gras)[/box]
Evidemment, mon chéri, pas vegan pour un sou, s’est proposé d’aller chercher du lait et des oeufs.
Mais tout amateur de fromage qu’il est, il m’aime aussi très fort, et je dois reconnaître ses efforts lorsqu’il s’agit d’alimentation.
Et du reste d’ailleurs.
Donc, nous avons une maison végétarienne, et bien sûr, je continue à râler sur le gruyère râpé qu’il met par kilos dans son assiette, mais quand même, on ne cuisine pas de viande ni de poisson.
Pour d’aucuns, je suis une tortionnaire, mais pour moi, c’est un effort de chaque côté.
Parce que sincèrement, pour moi, c’est un effort que de voir du fromage à la maison, étant donné tout ce que cela symbolise pour moi.
Bref.
Donc, ce chéri étant ouvert d’esprit, il accepte la version végétale des beignets.
Je me mets donc à chercher de l’inspiration et bingo ! Je tombe sur un article très bien fait sur les tempuras, qui explique comment obtenir des beignets croustillants, que c’est le gluten qui fait ramollir la pâte, et que le gluten se forme si on met de l’eau tiède, donc qu’il faut mettre de l’eau glacée, etc etc.
Parfait.
Seulement, je me dis, si c’est le gluten le problème, pourquoi ne pas utiliser une farine sans gluten ?
Hop.
Je me promène encore un peu, et je trouve une recette à base de farine de pois chiches.
Et là, l’épiphanie.
Je me demande vraiment pourquoi les niçois n’ont jamais pensé à faire des beignets de fleur de courgette à base de farine de pois chiches.
Je veux dire, on a cette merveille qui est la socca, on sait déjà que c’est un pur délice, et personne ne s’est dit
« Tiens, et si au lieu de mettre des trucs qui n’ont pas de goût, on mettait…du pois chiche? »
[box type= »info »]Le pois chiche, c’est un peu le dieu des vegans.
Vous les profanes, vous croyez tous qu’on se prosterne devant le tofu et le seitan mais non.
En fait, notre dieu, c’est le pois chiche. Et par filiation, le houmous.[/box]
Enfin, l’idée dans ce post, était quand même de mettre une petite morale de la fable un peu stylée à la La Fontaine, selon que vous serez puissant ou misérable, etc etc, ou tant va la cruche à l’eau, tout ça.
Je viens au moment fatidique.
Je trouve cette recette que je décide d’adapter à mon goût, j’étudie attentivement les conditions optimales de cuissons des beignets, je fais la pâte et…
Je demande à mon chéri de les faire, parce que normalement, dans son ancienne vie, c’est-à-dire, quand c’est lui qui cuisinait, il était le roi du beignet de fleur de courgette.
Je lui fais deux remarques en disant qu’il faut que l’huile soit bien chaude mais pas trop, et après je me tais, chut, chut, c’est pas la peine de déléguer si c’est pour sur-contrôler.
En un mot, le résultat a été désastreux.
Et moi, odieuse.
[box type= »note »]En effet, les beignets étaient tous ramollis, parce que:
- il les avait tous mis en même temps dans la poële
(« tu as tout mis ? mais c’est n’importe quoi, il faut en mettre quatre ou cinq, maximum ! »), - l’huile n’était pas assez chaude donc ils n’ont même pas doré
(« ben oui mais si tu les mets tous en même temps tu refroidis l’huile !!! ») - et cerise sur le gâteau, il a mis un couvercle dessus pour que ça reste au chaud
(« mais t’as mis un couvercle ! mais ça retient l’humidité le couvercle c’est évident qu’ils vont être tous ramollis !!! »).[/box]
Autant vous dire que les beignets faisaient peine à voir.
Ils étaient imbibés d’huile à n’en plus savoir que faire, et mon coeur s’est fendu à l’idée de ce que ces jolies fleurs auraient pu devenir à la place de ces éponges fades et blêmes.
Monsieur Chéri les a quand même mangés, et a mis plein de bonne volonté en me disant que c’était très bon, qu’on sentait mieux le goût de la fleur de courgette comme ça.
Et moi, j’ai mis plein de mauvaise volonté en goûtant une demi bouchée et en rougnant un « c’est dégueu » assassin.
J’ai donc été très injuste, parce qu’au lieu d’assumer ma décision de déléguer la cuisson, je lui ai reproché le fait que ces beignets n’étaient pas exactement comme je voulais qu’il soient.
Je m’étais fabriqué mon image idéale du beignet de courgette de Gwen, la recette de ouf, qui allait entrer dans mon top recettes de l’été.
Au lieu de ça, j’ai eu envie de pleurer, et j’étais très en colère.
Et très injuste.
Parce qu’au fond, si j’avais dû être en colère contre quelqu’un, c’était contre moi-même.
Pas mon chéri qui a vraiment fait de son mieux.
J’aurais dû aller jusqu’au bout de ma recette. De la conception à la réalisation.
Ou alors, accepter qu’ils soient imparfaits à mon goût.
Mais non. J’ai été injuste, triste, en colère et déçue.
Tant et si bien qu’à la fin, je me suis dit que je devais en refaire.
Et c’est ce que j’ai fait, le surlendemain.
J’ai fait exactement ce que je voulais faire, et ils étaient parfaits.
Et surtout, tout le monde était content.
La morale de l’histoire, c’est cette phrase stupide on n’est jamais si bien servi que par soi-même, mais surtout, surtout, arrêtons d’être injuste quand les gens font de leur mieux.
Arrêtons d’être injuste envers nous même aussi quand on fait de notre mieux.
Acceptons les imperfections.
Acceptons les échecs, les essais, les flops.
Acceptons que c’est aussi en se cassant la figure qu’on avance.
D’ailleurs, je dois l’avouer, ma deuxième recette de pâte n’a pas suivi à la lettre celle que j’avais trouvée.
La pâte était plus épaisse, elle accrochait mieux aux fleurs.
Je suis donc partie avec de meilleures bases de réussite que mon chéri.
Et c’est son essai préalable qui m’a permis de parfaire cette recette.
Finalement très basique, mais tellement délicieuse !
Beignets de fleurs de courgettes
Ingrédients
Pour une vingtaine de fleurs de courgettes
- 100g de farine de pois chiche
- 150ml eau +/-
- une bonne pincée de sel
- huile pour friture
Instructions
- Préparez votre pâte à beignets: mettez la farine et le sel dans une saladier, puis ajoutez l’eau progressivement de manière à obtenir une consistance de pâte à crêpes assez épaisse.
Note: Au départ, je l’ai faite avec 200ml pour 100g, et c’est trop. Il faut que la pâte puisse enrober la fleur. - Nettoyez vos fleurs de courgettes: là, il y a débat. Enfin il peut.
Personnellement, j’ai juste regardé qu’il n’y avait pas de terre ni de fourmis (pas parce que ça me dégoûte, je n’ai juste pas envie de les tuer), et je n’ai pas enlevé le pistil parce que ça ne me dérange pas.
Si toutefois cela vous dérange, alors il faut vous en occuper assez tôt, c’est à dire quand les fleurs sont encore ouvertes, parce qu’après c’est compliqué, vous risquez de les déchirer. - Faites chauffer environ un cm d’huile dans une poêle à fond plat. Il faut que l’huile soit bien chaude, sinon vos beignets ne vont pas dorer, mais pas trop, sinon ils vont brûler.
L’article que j’ai lu conseillait une température de 170°C. Comme ça ne me parle pas du tout, je l’ai fait à l’oeil en jetant une goutte de pâte dans l’huile. - Une à une, passez vos fleurs de courgettes dans la pâte afin de les enrober.
Faites des fournées de 3-4 fleurs à chaque fois, il faut avoir de la place dans la poêle pour les retourner correctement.
Si vous en mettez trop d’un coup, vous allez refroidir l’huile et les beignets seront moins croustillants. - S’il vous reste de la pâte, vous pouvez la faire cuire et vous aurez une sorte de crêpe de pois chiche/socca: un des grands avantages dans le fait d’utiliser de la farine de pois chiches c’est que même sans les fleurs, c’est trop bon!
En guise de conclusion, je voudrais quand même ajouter que j’ai fait lire cet article à monsieur Chéri avant de le publier afin de m’assurer que je n’étais pas trop injuste envers lui.
Il m’a très justement fait remarquer que non (oui, j’adore avoir raison), mais que puisque c’était la première occasion que je parlais de lui, j’aurais peut-être pu évoquer d’autres faits plus glorieux que cette catastrophe culinaire.
Aussi, je voudrais ajouter une morale bonus à la fable des fleurs de courgettes et de la tête de mule.
Une morale aussi bêtement évidente que la première.
Mais elle est toujours bonne à rappeler.
Et si on regardait toutes les réussites plutôt que de se concentrer sur les échecs?
Et si on arrêtait de focaliser sur les points noirs et qu’on acceptait une vision d’ensemble de tout ce qui va bien?
Bon allez, je sors, je vire vraiment au blog de développement personnel.
A la prochaine, les morfales.
2 Comments