Il y a quelques temps, une amie a posté cette photo.
En lisant cette phrase, cela a fait écho à une question que je m’étais déjà posée il y a plusieurs mois.
Pourquoi on me choisirait, moi ?
Pourquoi, au milieu de toutes ces personnes, on me choisirait, moi ?
Pourquoi, au milieu de ce foisonnement de talents exceptionnels, on me choisirait, moi ?
Par exemple.
Pourquoi on me choisirait comme amoureuse ?
Pourquoi on me choisirait comme amie ?
Pourquoi on me choisirait comme professeur de yoga ?
Pourquoi on me choisirait comme thérapeute ?
La réponse n’a parfois, finalement, rien à voir avec nous.
Les gens ne nous choisissent pas nous.
Ils choisissent ce que l’on représente pour eux.
Parfois les rencontres amoureuses, les rencontres amicales sont des rencontres de passés qui se font écho.
D’angoisses communes.
De peurs partagées.
De déséquilibres qui se répondent.
Parfois, à cause de toutes ces raisons, les rencontres font que l’autre recherche en vous quelqu’un que vous n’êtes pas.
Il recherche en vous un moyen de se rassurer, de se divertir, de se mettre en valeur, de faire plein de choses sauf vous choisir vous.
Et l’inverse est tout à fait juste.
Combien de relations avons-nous que nous pouvons juger comme totalement désintéressées ?
Dans combien de relations nous sentons nous totalement délivrés de l’empreinte de nos vécus ?
Aucune, pour ce qui me concerne.
Pourtant j’y travaille, je travaille à désosser mon histoire, mes comportements hérités, mes blessures profondes.
Et à chaque pas, je suis capable de vivre des relations plus saines, de me rapprocher de l’autre pour ce qu’il est vraiment.
Je ne pourrais jamais supprimer ma subjectivité.
Mais je peux travailler sur qui je suis, vraiment, au fond de moi, au-delà de tout mon héritage, de toutes ces choses inscrites en moi et qui me meuvent, parfois, souvent, inconsciemment.
La seule chose sur laquelle je ne peux pas agir, c’est sur la subjectivité qui me fait face.
Sur l’autre.
Je ne peux pas agir sur son choix.
C’est toujours lui qui choisit.
C’est toujours lui qui choisit de me choisir.
Ou non.
Et parfois, comme moi, pour de mauvaises raisons.
Et parfois, comme moi, pour des raisons qui ne dépendent pas de ce que je suis.
Lorsque j’ai commencé à enseigner le yoga, j’ai eu cette angoisse terrible de la salle vide.
J’ai eu très peu d’élèves au début.
Et puis, une année, un collègue m’a proposé de reprendre certains cours qu’il ne pouvait plus assurer.
Mon angoisse a été encore plus grande.
J’ai vu des élèves partir.
Parce qu’ils ne m’ont pas choisie.
J’ai vu des élèves rester.
J’ai vu de nouveaux élèves arriver.
J’ai pensé que ceux là, au moins, m’avaient choisie.
Mais je me suis trompée.
Cette année, une élève est partie de mon cours.
Simplement, parce que le créneau de mon collègue lui convenait mieux.
Et j’ai compris que si elle était restée l’an dernier, cela n’était pas forcément parce qu’elle m’avait choisie. Que c’était peut-être simplement parce que le créneau lui convenait.
Aussi, pour la plupart de mes élèves, je dois être en mesure de faire le même travail.
D’accepter simplement qu’ils sont là, pas forcément parce qu’ils souhaitent travailler avec moi.
Peut-être que travailler avec moi ou quelqu’un d’autre leur est totalement indifférent.
Je crois qu’être en mesure de se rappeler cela régulièrement est un bon moyen d’éviter de faire gonfler son ego de manière surdimensionnée.
Et de la même manière, se rappeler cela permet également de prendre de la distance sur les choix des gens.
Alors quand je repose ma question aujourd’hui « Pourquoi, on me choisirait, moi ? », j’ai un peu plus de mal à répondre.
Mais je crois encore, vraiment, qu’au delà des choix contingents, il y a aussi des choix véritables.
Je crois qu’il est possible de choisir quelqu’un pour ce qu’il est vraiment, tout au fond.
Je crois que ce choix se fait de manière totalement irrationnelle et indépendante des contingences de notre vie.
Je crois à l’instinct.
Je crois aux tripes.
Je crois à ce cri intérieur qui se réveille quand tout est clair, quand tout est évident.
Alors non.
Je ne veux pas être entièrement d’accord avec cette phrase, Choose people who choose you.
Non.
Parce que pour trouver l’instinct, les tripes, la nature sauvage, il faut apprendre à la retrouver.
Il faut accepter de l’écouter.
Et de la même manière, il faut apprendre à se choisir.
Il faut accepter de se choisir.
Choisis toi.
D’abord.
Choisis qui tu es.
Nous avons le droit de choisir qui nous sommes, qui nous voulons être, qui nous voulons devenir.
En dehors de toutes les prescriptions extérieures.
Et seulement lorsque l’on aura pris le temps de faire ce véritable travail, les gens nous choisiront pour de bonnes raisons.
Ou pas.
Mais ce ne sera plus important.