Il y a un temps pour tout.
Je crois que grandir, devenir adulte, peut nous faire prendre conscience de cette vérité en apparence si simple.
Un des jeux préférés de ma poupette, surtout pendant les repas, est le jeu du « tu préfères quoi ? »
Aujourd’hui encore j’y ai eu droit (parfois je regrette presque de l’avoir inventé).
Il s’agit donc de choisir entre deux options : ma fille et moi étant assez centrées sur la nourriture et ses plaisirs, l’idée est donc de savoir trancher entre pastèque et melon, tomate et concombre, persil et coriandre.
J’ai bien tenté de dévier en proposant comme options baseball ou foot, lecture ou dessin, vaisselle ou aspirateur.
Inévitablement, c’est la projection du plaisir des sens qui efface le reste des imaginaires.
Car comme vous pouvez le deviner, c’est un jeu qui peut se répéter et se décliner à l’infini.
[box type= »info »]Les règles du jeu se construisent au fur et à mesure : on ne met pas en face des spaghettis et une salade de tomate, une mousse au chocolat et un risotto, encore moins une pizza et des carottes râpées.
Ce serait de la triche.[/box]
Une des options rapidement abandonnée a été celle du « je reprends celui que tu préfères et je le compare à un autre ».
Elle fait très vite tourner en rond quand on est, comme nous, monomaniaques : carotte, betterave, pastèque vont et viennent pendant des heures.
Enfin, pendant le temps délimité par les frontières de mon impatience (ou par l’urgence à aller faire la vaisselle, mettre l’enfant au lit, etc, etc)
Moi – « Tu préfères quoi entre carotte et céleri ? »
Poupette – « Carotte. Tu préfères quoi entre carotte et concombre ? »
Moi – « Carotte. Tu préfères quoi entre carotte et poivron ? »
Poupette – « Carotte. »
Etc, etc.
Aujourd’hui, nous avons apporté une variante dans ce jeu qui commençait à trouver ses limites.
Nous avons ajouté le « ça dépend », qui était absolument interdit jusque là.
Tu préfères le basilic ou la sauge ?
Ça dépend, ce n’était pas possible, car la question appelait de transiger, de prendre position de manière franche et déterminée.
Apporter de la relativité n’aurait pas une grande incidence si l’on ne se prenait pas au jeu de l’absolu.
Mais l’échange avec un enfant fait revivre cette idée qu’il est absolument essentiel, à cet instant précis, de choisir avec précision, avec justesse, et de se persuader que ce choix aura un impact sur tout le reste de notre vie.
[box type= »tick »]Heureusement, il y a un temps pour tout.
Il y a un temps pour clamer l’absolu et un temps pour reconnaître le relatif.
Sans renier ses convictions, il est possible, un jour, d’accepter que « ça dépend ».[/box]
Ainsi, aujourd’hui, à la question, « tu préfères le basilic ou la sauge ? », j’ai pu répondre
– Ca dépend, avec quoi ?
– Des pâtes à la bolognaise végétale.
– Alors de la sauge.
Et à la question « Tu préfères les carottes ou les tomates », j’ai pu répondre
– Ca dépend, à quel moment ?
– En automne.
– Alors je préfère les carottes.
Il y a un temps pour tout.
Un temps pour les assiettes de tomates au basilic et à l’huile d’olive et les Rainbow Summer Salads.
Et puis, il y a un temps pour les purées de potimarron/carotte, les soupes épicées à la courge, et les Sheperd’s pies.
Ainsi, lors de mon dernier atelier cuisine le 26 octobre dernier, j’ai d’abord eu envie de faire un taboulé de chou fleur.
Et puis j’ai pensé « ça dépend ».
On est en automne. Il fait froid.
(Si, maintenant, il fait froid quand même.)
Est-ce qu’on a vraiment envie de manger un plat froid ?
Je vous voir venir, les pitta en excès, oui, vite, du froid, on s’en contrecarre de l’automne, et puis mettez nous des glaçons avec ça.
[box type= »note »]Eh bien non.
On a surtout besoin de manger chaud, cuit, un peu plus onctueux et nourrissant que quand il fait 35°C et que notre seule envie est de plonger dans l’eau fraîche avec si possible un cocktail à notre retour de baignade.[/box]
Bref.
Je brainstorme sur l’automne, et puis je pense, champignons, butternut, épices.
(En résumé, sinon je pense aussi chocolat, peanut butter, châtaignes, betteraves, chuuuuuut)
Trois mots clés que j’ai donc transformés en inspirations culinaires:
- Champignons : cette recette, je dois la faire depuis que l’an dernier, une collègue m’a suggéré de travailler quelque chose avec des champignons et du miso.
- Butternut : comment proposer des dips sans placer…un hummus ?
Ceux qui me connaissent commencent à voir mon visage partout où ils aperçoivent des pois chiches tellement je passe ma vie à chanter leurs louanges. - Epices : lors de mon 3ème module de thérapeute ayurvédique, nous avons abordé quelques recettes. Dont un chutney à la coriandre.
Forcément, il a fallu que je mette mon nez dedans pour ajouter ma touche personnelle.
Sans pour autant en dénaturer l’esprit : la recette reste équilibrée, elle contient toujours les six saveurs (doux, acide, salé, piquant, astringent et amer)
Bien !
Je disais donc, il y a un temps pour tout.
Voici donc venu le temps de vous donner les recettes testées et approuvées lors de cet atelier!
3 dips d’automne
Prep time: environ 20 min par dip hors cuisson
Cook time: 10 mn pour les champignons, 20 mn pour la butternut, entre 0 et 1h+ pour les pois chiches
Ingredients
- Pour la crème de champignons:
- 200g de champignons de paris
- Entre 25 et 50g de tofu fumé (selon l’intensité de goût recherchée)
- 4 cuillerées à soupe de crème végétale (soja pour moi)
- 1 cuillerée à café de moutarde à l’ancienne
- 1 cuillerée à café de miso (j’ai choisi le miso de riz, plus doux que le pur soja)
- Optionnel: herbes de provence, poivre
- Pour le hummus butternut/noisette/orange:
- 1 boîte de 400g de pois chiches égouttés (soit 240g net) ou environ 80g de pois chiches secs
- Le même poids de butternut (soit environ 240g)
- 1 cuillerée à soupe de purée de noisette
- 5 cuillerées à soupe de jus d’orange
- 1/4 cuillerée à café de sel
- Pour le chutney coco/coriandre:
- 1 botte de coriandre (environ 60g)
- 1 petite pomme (environ 100g)
- 20g de pâte de dattes (ou entre 2 et 4 dattes selon la taille)
- 2 cuillerées à soupe de coco rapée
- 2 cuillerées à soupe de jus de citron
- 1/2 à 1 cuillerée à soupe de gingembre frais
- optionnel pour les gourmand-e-s: 3 cuillerées à soupe de lait de coco
- 1/4 de cuillerée à café de sel
Instructions
Crème de champignons
- Faites revenir les champignons émincés dans une poêle avec un peu d’huile
- Mettez les champignons et le reste des ingrédients dans le bol d’un mixer et mixez jusqu’à obtention d’une pâte lisse. Vous pouvez ajouter un peu d’eau selon la consistance souhaitée.
Hummus butternut/noisette/orange
- Si vous avez des pois chiches secs, faites les tremper la veille puis cuire pendant le temps nécessaire (selon les pois chiches, cela peut mettre entre 1 et…3h…
D’où l’intérêt d’en faire cuire de grandes quantités que vous pouvez congeler (ou manger dans des recettes variées) - Optionnel pour les maniaques comme moi: épluchez vos pois chiches.
Vous faites ainsi d’une pierre deux coups, car vous aurez un humus plus digeste et votre quart d’heure de méditation journalier. - Mettez les pois chiches et le reste des ingrédients dans le bol d’un mixer et….
Chutney coriandre/coco
- Lavez la coriandre, épépinez la pomme et coupez la en cubes.
- Mettez tous les ingrédients….etc, etc
Pitié, soyez inventifs, ne me parlez pas de pâtes…
La crème de champignons aime beaucoup le pain de seigle ou le kasha, mais vous pouvez, comme pour le chutney, lui proposer du riz complet ou du millet.
Quant au hummus…il se suffit à lui-même!
Merci encore à tous les participants de cet atelier convivial et gourmand, ainsi qu’à toute l’équipe des Petits Tabliers pour cette collaboration qui ne fait que commencer…
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